Un vieux philosophe, au crâne dégarni, s'empara de sa plume pour inscrire en lettres de nuit les mots qui lui étaient soufflés par son coeur. Toute sa vie, il avait étudié ces guerres improbables qui se déroulaient tous les 200 ans approchants. Toute sa vie, il était resté le nez dans les archives royales, farfouillant dans les parchemins dont personne ne voulait, pour ramener au présent la mémoire des guerriers de la Grande Guerre.
Et sa plume, dans un dernier hommage à ces morts oubliés, grinça sur le papier ces quelques vers :
Ainsi va le temps, ainsi passent les âges
Les années déposent un voile embrumé ;
S'écoule la vie, s'oublie le message
Qui un jour compta au coeur oublié.
Et le temps défile, et coulent les nuages
Les souvenirs s'estompent et noient la beauté ;
Souffle le présent, balaye le mirage
D'un passé vécu à l'allure rêvée.
Et le temps s'enfuit, et filent les pages
D'un livre dont les doigts ont brouillé les traits ;
Déformés les actes, subissent le ravage
D'une ère qui se perd dans les contes de fées.
Ainsi va le temps, ainsi passent les âges
Et moi je contemple les ruines d'un passé
L'esprit qui s'évade, le coeur au courage
Je m'en vais livrer cette vieille vérité :
Nous sommes des pantins
Articulés.